Marche sur Washington
* relatée dans la biographie de Josephine Baker "The Hungry Heart".
Martin Luther King
En 1963, il est à la tête de grandes campagnes pour les droits civiques, le droit de vote des Noirs, la fin de la ségrégation, une meilleure éducation. Il est arrêté à plusieurs reprises. Dans son discours du 28 août 1963, "I have a dream", devant 250000 personnes, il lance un appel pour un pays où tous les hommes partageraient les mêmes droits dans la justice et la paix. La violence des forces de l'ordre et le harcèlement des ségrégationnistes face aux luttes pacifiques engendrent une vague de sympathie au sein de l'opinion publique pour le mouvement des droits civiques.
En 1964, Martin Luther King reçoit le Prix Nobel de la Paix dont il est le plus jeune lauréat. La plupart des droits pour lesquels il milite sont votés comme lois avec le Civil Rights Act de 1964 et le Voting Rights Act de 1965. Martin Luther King meurt assassiné par un ségrégationniste blanc le 4 avril 1968 à Memphis alors qu'il soutenait une grève d'éboueur.
Paris noir des années 20
On ne doit pas en conclure pour autant que la France de l'époque était exempte de tout préjugé racial, bien au contraire. Les personnes qui accueillaient chaleureusement ces artistes noirs-américains ne représentaient en réalité qu'un cercle restreint d'artistes et intellectuels souvent membres des avant-gardes artistiques. On citera le photographe Man Ray, le peintre Francis Picabia, les écrivains Jean Cocteau, Robert Desnos, Blaise Cendrars et Georges Bataille, le cinéaste Jean Renoir, les musiciens Jean Doucet, Maurice Ravel, Darius Milhaud, la mécène Nancy Cunard... Autant de noms qui ne reflètent ni le sens commun de l'époque, ni l'esprit des pouvoirs en place. N'oublions pas que les années 1920' marquent l'apogée de l'Empire Colonial Français dont les expositions coloniales, véritables zoos humains**, sont censées en représenter la puissance.
**Zoos humains, ouvrage collectif sous la direction deNicolas Bancel, Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch, Eric Deroo et Sandrine Lemaire - Paris, La Découverte, 2002
Paul Colin (1892-1985)
Dans le spectacle Johnny's Scrapbook, lors de l'évocation de la traversée de l'Atlantique par Josephine Baker, le dessinateur Guillaume Carreau fait une référence explicite à cet album tandis que le piano joue avec les motifs de sa chanson la plus célèbre "J'ai deux amours".
Prince of Wales (1894–1972)
En 1903, à l'occasion de l'anniversaire du Prince, les membres du spectacle In Dahomey, dont Bert Williams et la jeune Aida Overton Walker, sont reçus à Buckingham Palace, pour une représentation privée. Cette représentation marquera les débuts de la fascination du Prince pour le spectacle "noir"" et le jazz.* En 1927, il assiste à seize représentations de la revue The Blackbirds à Paris. Il fréquente assidument le club "Chez Bricktop", où il emprunte parfois la place du batteur de l'orchestre de Claude Hopkins, et prendra des leçons de charleston avec Ada "Bricktop"Smith et Johnny Hudgins...
*Relaté dans l'ouvrage Florence Mills, Harlem Jazz Queen de Bill Egan, The Scarecrow Press.
Prohibition
Comme se souvient le pianiste Earl Hines à propos d’Al Capone : “Scarface” (“le Balafré”) s’entendait bien avec les musiciens. Il aimait arriver dans un club avec sa bande et demander ses morceaux favoris à l’orchestre. Il était très généreux, avec des pourboires de 100 dollars.”*
*Le Jazz et les Gangsters Ronald L.Morris Editions Le Passage
Revue nègre
Une représentation, organisée pour la presse, tourne au fiasco : les danseurs et comédiens interprètent laborieusement leurs sketches, l'orchestre fait un "boucan infernal". En dernière minute, André Daven remplace Louis Douglas par le chorégraphe Jacques Charles qui remanie le tout et met en vedette Josephine Baker. Ce sera un triomphe teinté d'une atmosphère de scandale. Découvrant, stupéfaits, la prestation de la jeune danseuse presque nue, une moitié du public quitte la salle, indignée, quand l'autre en redemande. André Daven, directeur du théâtre, sait qu'il assiste alors à une révolution théâtrale : "C'était comme la révélation d'un nouveau monde. L'érotisme avait trouvé un style. Josephine riait et pleurait. Le public, debout, lui faisait une telle ovation qu'elle en tremblait, incapable de quitter la scène."* La Revue Négre marquera le début de l'engouement du public français pour le jazz et la culture noire-américaine.
*Cité dans Josephine The Hungry Heart de Jean-Claude Baker et Chris Chase., Random House New York
Scrapbook
Pour créer le spectacle Johnny's Scrapbook, nous avons eu accès, grâce à Brent Hayes Edwards, professeur à la Columbia University, et à Emmanuel Parent, maître de conférence à l'Université Rennes 2, à un certain nombre d'images extraites de ce scrapbook. Toutefois, le fait de ne pas avoir sous la main la totalité du document nous a permis de le "fantasmer".
*Un scrapbook est un album photo personnalisé par l'ajout de toutes sortes de décorations ou/et de commentaires.
Ségrégation
La ségrégation raciale aux États-Unis (1875~1964) fut imposée après la période de reconstruction (dite "Reconstruction") faisant suite à la guerre de Sécession. Les anciens États sudistes mettent alors en place les lois Jim Crow qui contournent les XIIIe, XIVe et XVe amendements à la Constitution abolissant l'esclavage et accordant le statut de citoyen aux Noirs américains. Comme l'esclavage avant elle, cette ségrégation raciale est basée, idéologiquement, sur une interprétation très particulière de la Genèse 9:27 ainsi que sur les doctrines raciales de l'anthropologie du xixe siècle, et pratiquement sur l'intimidation des Noirs par la violence (entretenue notamment par l'organisation suprématiste blanche : le Ku Klux Klan, née au lendemain de la guerre, mais dont la première incarnation fut assez éphémère). En 1896, la Cour suprême légitime cette nouvelle législation, en formulant la doctrine separate but equal (« séparés mais égaux »).
Dans les années 1960, sous la pression du mouvement des droits civiques, les lois Jim Crow ont été abolies et une nouvelle législation élargissant les droits civiques des Noirs a été voté. En 1967, la Cour suprême juge anticonstitutionnelles les lois interdisant les mariages mixtes entre individus de couleurs différentes.
Les danseuses Maude Russell et Mildred Hudgins (l’épouse de Johnny) se remémorent un engagement à Atlantic City durant l’été 1920. “Travailler à Atlantic City pendant l’été c’était presque comme des vacances. L’océan étant juste à la porte du club, on pouvait sentir le goût du sel sur nos lèvres. Mais les plages étaient ségreggées –“Comme partout” dit Maud Russell, “Il y avait une plage pour les blancs et une plage pour les noirs”- Et aux portes des hôtels luxueux on pouvait lire: NO DOGS, NO JEWS. “Ils n’avaient pas besoin d’afficher NO NIGGERS, on était déjà au courant,” ajoute Mildred Hudgins.*
Sun un air de Charleston
De là, naîtra le court-métrage Sur un air de Charleston tourné en 1927. Sur une idée d'André Cerf et un scénario de Pierre Lestringuez, Renoir met en scène Catherine Hessling et Johnny Hudgins dans un savoureux exercice d'anthropologie inversé : En 2028, un mystérieux explorateur pose son aéronef sur la Terra Incognita. Il y fait fait la connaissance d'une ravissante jeune indigène qui va l'initier à une danse des plus effrénées. Renversant les représentations alors en vigueur, blanc/noir, sauvage/civilisé, homme/femme, Sur un air de Charleston constitue une des plus modernes et mordantes critiques du contexte racial et colonial de son époque. Il est également une magnifique métaphore des échanges culturels trans-atlantiques.
**"Jean Renoir" par Pascal Mérigeau, Grandes Biographies, Flammarion
Strange Fruit
Strange Fruit
(Abel Meeropol)
Southern trees bear a strange fruit,
Blood on the leaves and blood at the root,
Black bodies swinging in the southern breeze,
Strange fruit hanging from the poplar trees.
Pastoral scene of the gallant south,
The bulging eyes and the twisted mouth,
Scent of magnolias, sweet and fresh,
Then the sudden smell of burning flesh.
Here is fruit for the crows to pluck,
For the rain to gather, for the wind to suck,
For the sun to rot, for the trees to drop,
Here is a strange and bitter crop.
T.O.B.A.
Tenue par des propriétaires « blancs » de théâtre, l’organisation n’avait que pour seul objectif d’enrichir ces adhérents. Les artistes étaient moins bien payés que les artistes du circuit de Vaudeville blanc et devaient s’adapter à de rudes conditions de tournée. Pour ces raisons, les “Entertainers” noirs renommait souvent l’organisation : “Though On Black Artists”, ou même, selon la chanteuse Gertude “Ma” Raney : “Though On Black Asses”.
“Wah Wah Man”
White Americans in Paris
"Midred Hudgins, danseuse des "Blackbirds" et épouse de Johnny Hudgins se souvient de la manière dont les américains insultaient les jeunes femmes blanches qui se promenaient dans la rue au bras d'un homme noir. Les hommes -d'origine Martiniquaise ou Congolese, même si ils ne comprenaient pas l'anglais, s'apercevaient de l'affront, ce qui déclenchait des bagarres au poings. Les jeunes femmes de leur côté appelaient : "Gendarmes, Gendarmes"."
"Mildred elle-même a été, à plusieurs reprises, insultée alors qu'elle était au bras de son mari. En raison de la clarté de sa peau, certains s'imaginaient qu'elle était blanche. Dans ces cas là, Johnny Hudgins ne manquait pas de répondre aux insultes, jusqu'à en venir aux poings. On le voyait poursuivre à grandes enjambées ces racistes offensants dans les rues de Paris. Au bout d'un moment, les gendarmes en eurent assez et pensèrent que les Américains étaient fous de se battre pour des questions de couleur de peau."*